Règne de Gnassingbé Eyadéma.
Devenu Président de la République, il commence par supprimer le multipartisme, faisant de son parti, le Rassemblement du Peuple Togolais (RPT), le seul autorisé et y fait adhérer les chefs coutumiers. Par référendum en 1972, il fait ratifier ce régime politique, qui durera pendant une vingtaine d'années.
A partir de ce moment, le Général Eyadéma inaugura une longue période de calme et de développement, donnant à l'étranger une impression de stabilité, ce qui permet, par la suite, des rencontres internationales lors des Conférence de Lomé 1, Lomé 2, Lomé 3 et Lomé 4 (entre l'Union Européenne et les pays ACP - Afrique, Caraïbes et Pacifique).
L'Etat, dirigé par le Général Gnassingbé Eyadéma, instaura une politique de nationalisation, notamment celle des phosphates, une des principales richesses du pays, et développa aussi une politique de promotion agricole afin de parvenir à l'autosuffisance alimentaire.
Durant les années 1970, la conjoncture internationale devient enfin favorable, de nombreux investissements étrangers permirent un développement important du pays, entraînant une relative prospérité.
Le 30 Décembre 1979, à la suite d'un référendum, le pays adopte une nouvelle Constitution dont les fondements sont la présence d'un chef de l'Etat et des arlées, un parti unique (le RPT) et une assemblée de 67 députés élus au suffrage universel et qui figurent sur une liste unique, non modifiable.
Après une période relativement calme, le climat politique et social du pays commence à se détériorer. En 1986, un commando infiltré depuis le Ghana organise un attentat manqué contre Eyadéma. Cette tentative de coup d'Etat déclenche de violentes manifestations à Lomé et conduit la France à intervenir, craignant une nouvelle déstabilisation du régime.
Les Togolais, et en particuliers les jeunes intellectuels, supportent de moins en moins la loi du silence et la censure qui leur sont imposées. Nombreux sont ceux qui supportent encore moins de voir que ce sont les Togolais originaires du Nord du pays qui sont aux commandes, alors qu'ils ne représentent que 20% de la population, contre 45% pour les Ewés du Sud.
De ce fait, de violentes émeutent éclatent à Lomé, en octobre 1990, gagnant peu à peu les régions. Les manifestations, au départ pacifiques, deviennent rapidement de violentes et sanglantes insurrections. Le Président cède et accorde le multipartisme. Cette concession est jugée insuffisante: les chefs de l'opposition demandent la tenue d'une conférence, d'abord refusée, puis accordée sous la pression de la grève générale de Juin 1991. La Conférence Nationale Souveraine (800 délégués) siège du 8 Juillet au 28 Août 1991, dans un climat ambiant très tendu.
Il en résulta l'élection de Joseph Koffigoh, un nouveau Premier Ministre appelé chef du gouvernement de transistion et qui fut assisté par le Haut Conseil de la République (HCR), chargés d'élaborer une nouvelle Constitution et de veiller à la tenue des états généraux de la Santé, des Affaires Sociales, de l'Education, etc... Et de préparer de nouvelles élections pour 1992.
L'armée se retrouve divisée, les tentatives pour rendre le pouvoir au Général Eyadéma, toujours Président en titre mais sans aucune autorité, n'aboutirent pas et ont déclenché de graves épisodes sanglants dans l'ensemble du pays: les maisons brûlent, les anciennes rancunes entre ethnies se réveillent et les victimes sont nombreuses de chaque côté.
Les 27 et 28 Novembre 1992, l'armé, principalement composée de Kabiyés, s'empare de la radio et de la télévision, et se rend devant la primature (résidence du Premier Minsitre), en exigeant la dissolution du HCR et la participation du RPT au gouvernement. Au bout de quelques jours, l'armée attaque la primature: le Premier Ministre Joseph Koffigoh, alors présent, est emmené de force au Palais Présidentiel où il conclut avec le Président Eyadéma un accord où il est sommé de former un gouvernement d'union nationale avec des ministres issus du parti du Président, le RPT. Au même moment, les responsables du HCR s'enfuient à l'étranger ou restent chez eux, sans bouger: le RPT retrouve sa place et le Général Eyadéma ses pouvoirrs. Le pays adopte une nouvelle Constitution, qui conforte les pouvoirs retrouvés du Président. L'opposition organise des grèves et de nombreuses manifestations, réprimées dans le sang en Janvier 1993. Face à la situation, la Communauté Européenne suspend immédiatement sa coopération avec le Togo.
Le 25 Mars 1993, le Général Eyadéma échappe à une attaque contre sa résidence officielle.
En Août 1993, Eyadéma est réélu avec 94,6% des voix, en raison du boycottage du scrutin par l'opposition. Cependant, celle-ci remporte les élections législatives de Février 1994 et forme la majorité à l'Assemblée Nationale. Les 2 partis d'opposition (le CAR et l'UTD) nommèrent un Premier Minsitre, mais Eyadéma refuse et confie le poste à Edem Kodjo, leader de l'UTD.
En 1996, les présidents du Ghana et d'Afrique du Sud se rendent à Lomé et font étape au village natal du Président, Pya. Les relations avec le Ghana de Jerry Rowlings s'améliorent grandement et le Togo établit même des relations diplomatiques avec l'Afrique du Sud, lors de la visite de Nelson Mandela en Mars 1996.
La privatisation des filières du coton et du phosphate est lancée et se poursuit.
Lors de nouvelles élections présidentielles du 21 Juin 1998, le Général Eyadéma est réélu avec 52,13% des suffrages exprimés, mais le résultat est contesté par l'opposition et mis en doute par les observateurs de l'Union Européenne.
Les différents partis politiques soutenant le Général Eyadéma et ceux de l'opposition signent un accord le 29 Juillet 1999, afin d'enrayer la crise politique qui dure depuis les années 1990, l'opposition ayant boycotté les législatives de Mars 1999 en raison de la réélection contestée du Président en Juin 1998.
Le Président s'est engagé à dissoudre l'Assemblée Nationale et à organiser des élections législatives en Mars 2000, pour favoriser l'entrée d'autres formations politiques au Parlement. Il s'est aussi engagé à respecter la Constitution et à ne pas se présenter pour un troisième mandat. Malgré tout, le processus de réconciliation est marqué par de nombreuses pannes.
Le Général Eyadéma et son parti modifient le Code Electoral et la Constitution adoptée massivement par le peuple togolais en 1992, pour lui permettre de faire un troisième mandat, lors des élection de 2003.
Le Président Gnassingbé Eyadéma est donc réélu en Juin 2003, pour un nouveau mandat de 5 ans, la Commision Electorale annonçant que le Général Eyadéma, détenteur du record de longévité politique à la tête d'un Etat africain, avait réuni 57% des suffrages lors du scrutin.
Le 5 Février 2005, le Président Etienne Eyadéma Gnassingbé décède d'une crise cardiaque, à l'âge de 69 ans, après avoir présidé pendant 38 ans le pays. Sa mort surprend autant la population que le gouvernement, qui décide de confier le pouvoir à son fils, Faure Gnassingbé, par l'intermédiaire de l'Assemblée Nationale qui réécrit la constitution pour l'occasion.