Le Peuplement.
Le pays est constitué de 2 aires géographiques:
- Le Nord ( aujourd'hui frontalier du Niger et du Burkina Faso), qui a connu le destin des peuples de la savane.
- Le Sud et le centre du pays, marqués par l'histoire des peuples du Golfe de Guinée.
On retrouve cette opposition dans les qualificatifs "Afrique des greniers" et "Afrique des paniers". Le premier fait référence au greniers de maïs ou de mil qu'on trouve dans le domaine des savanes africaines, comme au Mali, au Niger ou au Burkina Faso. Le second se situe autour de l'équateur et correspond, en Afrique Occidentale, au sud de tous les pays littoraux du Golfe de Guinée: dans ces derniers, en raison du climat équatorial favorable à l'agriculture, rien ne sert d'entreposer puisqu'il suffit juste de "porter'.
Jusqu'au XVe siècle, de nombreux peuples de la savane s'installent au Nord:
- Bariba ou Baatombu.
- Dendi.
- Djerma.
- Groussi.
- Haoussa.
- Mossi.
- Paragourma.
- Peuls ou Fulbe.
Alors que des populations littorales s'installent au Sud et au Centre:
- Fon et Aja ou Adja.
- Ewé.
- Gen.
- Mina.
- Yoruba.
L'Organisation Sociale Ancienne.
Les communautés anciennes se structurent sur leurs lignages. Vivant sur des territoires restreints, ces populations n'ont pas besoin d'organisation politique; quant à leur organisation sociale, elle se base sur le respect des coutumes et des ancètres morts. L'autorité s'y exerce oralement par le partage de ces traditions. On trouve toujours de telles populations dans le Nord-Ouest du pays: Berba, Kabiyé ou Tanéka.
Lorsque plusieurs lignées se regroupent, elles se structurent en chefferies: le chef peut être un représentant d'une famille ancienne ou un prêtre. Il s'entoure de dignitaires, chargés chacun d'une activité collective et formant un conseil.
A partir du XVe siècle, la structure sociale se complexifie et des royaumes apparaissent, dégageant ainsi 3 grandes aires culturelles: Bariba au Nord, Yoruba et Aja-Ewé au Sud.
Les Royaumes Bariba.
Le Nord du pays a connu plusieurs royaumes bariba et, notamment, le Royaume de Nikki. C'est à partir de ce village du Nord-Est qu'une dynastie, créée au XVIe siècle par Sunon Séro, étendit sa domination sur la région. Son dernier Roi, Séro Kpéra, meurt en 1831 en combattant aux côtés des Yorubas d'Oyo (Nigeria) les attaques des Peuls. Le royaume est désorganisé quand les armées coloniales l'envahissent à la fin du XiXe siècle.
Leurs sociétés sont structurées en classes sociales strictes: nobles guerriers, griots, agriculteurs roturiers, artisans et esclaves.
Les Royaumes Yoruba.
L'aire d'influence des Yoruba couvre l'Est du pays et est constituée de 2 royaumes: le Royaume de Shabê-Okpa et le Royaume de Kétou. Ces 2 royaumes ont été créés par 2 frères descendants du roi d'Ifé Okandi. A côté de ces 2 royaumes, on retrouve une population Yoruba d'émigration plus ancienne (les Datcha, les Ifé, les Isba et les Manigri).
Les Aja-Ewé.
Selon d'anciennes traditions orales et écrites, les Aja-Ewé émigrent à partir du XIVe siècle de la ville de Tado, située sur les rives du fleuve Mono au Togo. Ils établissent dans le Sud 2 royaumes: à Sahé (ou Savi) et à Davié (devenue Allada plus tard).
Vers 1620, les héritiers du Royaume d'Allada se disputent le trône; de cette querelle naissent 2 royaumes supplémentaires: au Sud-Est, Zozérigbé crée le Royaume de Hogbonoou (à Adjatché, devenue Porto-Novo plus tard) et, au Nord, Houégbadja institue le Royaume du Dahomey à partir de sa capitale, Abomey.
Au XVIIIe siècle, une série de conquêtes se fait sous l'autorité de 12 rois traditionnels, à commencer par Gangnihessou. En 1724, Agadja, Roi du Dahomey, s'empare du Royaume d'Allada; en 1727, il soumet celui de Savi. En 1741, c'est au tour de Ouidah de tomber sous le joug de son successeur, Tegbessou.
Le pays dispose désormais d'une large fenêtre sur la mer. Le Royaume a pris l'habitude d'échanger, commercialement et politiquement, avec les Portugais et les Hollandais, arrivés à la fin du XVe siècle. Le Dahomey devient une entité politique organisée.
Dès le XVIIe siècle, ces royaumes, structurés autour des villes d'Allada, Hogbonou et Abomey, prospèrent avec le développement du commerce local. Néerlandais, Portugais, Danois, Anglais et Français installent le long de la "Côte des Esclaves" des comptoirs commerciaux en toute impunité.
Dans la premère partie du XIXe siècle, le Roi Guézo d'Abomey développe la culture du palmier à huile et introduit de nouvelles cultures (maïs, tomates, arachides, tabac).
Au XVIIIe siècle, Allada et Ouidah furent annexées. Les Européens développèrent des forts sur la côte, comme des bases militaires, afin d'imposer aux ethnies côtières une menace militaire pour qu'elles leur fournissent des esclaves.
C'est le Roi Ghézo qui consolida le Royaume, en attaquant régulièrement les Yoruba au Nigeria, ce qui lui procurait des esclaves. Son successeur, le Roi Glélé, irrita cependant les Français par son attitude belliqueuse et son attitude non conformiste. Par le Traité de 1863, il autorisa les Français à s'installer à Cotonou. Toutefois, la présence de ceux-ci irritait le Roi Gbê han zin (ou Behanzin) qui estimait que les Français menaçaient la souveraineté de son royaume; de nos jour, à l'entrée de la ville d'Abomey, une statue géante du roi illustre cette lutte contre l'envahisseur. Le Traité de Ouidah, signé en Octobre 1890, place Porto-Novo et Cotonou sous tutelle française, ce même traité prévoyant le versement par la France d'une pension au Roi d'Abomey. Le Roi Béhanzin et les Danxoméens estimaient Porto-Novo et le Roi Toffa Ier comme des traitres à la solde des Français; il fut défait en 1892 par le Colonel Alfred-Amédée Dodds et déporté aux Antilles. Abomey devint alors un protectorat français. Allada et Porto-Novo, eux aussi sous protectorat, formèrent avec Abomey la Colonie du Dahomey.